Un atlas des sites toxiques révèle l’état de la pollution en France

L’association Robin des bois publie son « Atlas de la France toxique » avec 36 cartes montrant, entre autres : l’état de contamination de notre pays aux pesticides, la pollution de l’air, les déchets de marées noires, les boues de dragage ou encore les PCB… Paru aux Editions Arthaud, l’ouvrage dresse un inventaire des pollutions et des risques qui menacent notre environnement et notre santé.

Un atlas des sites toxiques révèle l’état de la pollution en France

L’association Robin des bois se défend de seulement dénoncer les pollueurs et veut avant tout faire réagir, Jacky Bonnemains, son président explique :

C’est un atlas violent mais réaliste, pédagogique (…) Il s’agit d’informer et d’inciter le public, les riverains, les victimes à s’organiser pour interpeller les responsables.

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Cette compilation, réalisée à partir des enquêtes de l’association et des données institutionnelles et publiques, ressemble néanmoins quelque peu à un pot-pourri dont l’odeur donne le tournis.

Le livre nous rappelle que l’activité humaine génère des risques et des pollutions, dont on ne prend la pleine mesure que trop tardivement. L’économie tourne, produit et pollue. La pollution détruit l’environnement dont notre santé est tributaire.

Si bien peu peuvent soutenir le contraire, trop peu de responsables politiques ont le courage d’affronter la situation et… les lobbies.

Pesticides : un usage massif inquiétant

Ainsi, la conscience des risques que représentent les pesticides pour la santé et l’environnement a beau grandir, leur usage dans les campagnes françaises ne cesse de croître. Nombre de ces substances chimiques sont classées CMR, ce qui signifie :

• Cancérogènes
• Mutagènes (toxique pour l’ADN)
• Reprotoxiques (nocifs pour la fertilité)

Malgré tout, le secteur agricole en consomme de plus en plus, avec une hausse annuelle de 5,8 % entre 2011 et 2014, qui s’est même accélérée ces dernières années (+ 9,4 % entre 2013 et 2014), selon les derniers chiffres officiels publiés début mars.

La carte des CMR, dressée par Robin des bois à partir des données de l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques, vient ainsi rappeler les volumes toujours plus importants vendus annuellement dans chaque département français.

L’amiante toujours bien présente

Autre exemple de produit toxique, l’amiante, qui a envahi hôpitaux, écoles, usines… Très tôt déclaré cancérogène mais interdite seulement en 1997, l’amiante a été si longtemps exploité en France qu’on est loin encore d’en être libéré. Selon l’atlas, l’amiante tuera entre 100 000 et 200 000 personnes en France dans les quarante prochaines années.

Charlotte Nithart, de Robin des bois, regrette le manque de communication sur ce matériau :

Vingt millions de tonnes de produits amiantés sont encore en place sur le territoire national.

Le percement du tunnel Lyon-Turin dans les Alpes risquerait même de révéler des gisements jusque-là inconnus. Il faudra alors traiter les déblais comme des déchets toxiques et protéger les ouvriers.

Autre joyeuseté : la pollution cachée des déchets de guerre

L’atlas évoque également les pollutions que l’on a oubliées, comme les munitions tirées lors des trois grandes guerres qu’a connues la France (1870, 1914-1918, 1939-1945). Des tonnes de munitions non explosées dorment dans les forêts, les champs et autres lacs, grottes et gouffres.

On découvre la présence de perchlorates, aujourd’hui reconnus perturbateurs endocriniens. Ils ont été utilisés comme propulseur et comme explosif dans les bombes et les munitions d’artillerie. Ils se sont depuis répandus dans les sols, sous-sols et eaux souterraines, avant de refaire surface. Sur plus d’un milliard d’obus tirés lors de la première guerre mondiale, 25 % n’ont pas explosé!

En 2012, dans plusieurs communes du Nord et du Pas-de-Calais, des sels de perchlorate ont été découverts dans l’eau potable, à des niveaux supérieurs aux seuils réglementaires. Depuis, plus de 500 communes du nord et de l’est de la France recommandent aux femmes enceintes de ne pas boire l’eau du robinet, rappelle l’Atlas. Car, affectant la glande thyroïde, ces perturbateurs endocriniens retardent le développement des enfants.

Les côtes françaises ne sont pas épargnées. Des millions d’armes chimiques et conventionnelles ont été, après chacune des deux guerres mondiales, immergées dans l’océan. La vitesse de corrosion de ces munitions est d’environ 1 mm par an. A ce rythme, les poisons qu’elles dégagent ont le temps de contaminer sans entrave la faune et la flore des fonds marins.

Source : d’après un article paru sur lemonde.fr

Voir un extrait de l’Atlas de la France toxique (pdf)

Faites connaitre cet atlas qui révèle l’état de la pollution de notre pays :