L’Argentine ouvrira prochainement son premier centre hospitalier réunissant en un même lieu médecine moderne occidentale et médecine traditionnelle mapuche, à Ruca Choroi dans la province de Neuquén. C’est le premier hôpital interculturel d’Argentine, sur un model similaire à ce qui se fait déjà au Chili.
Argentine: la médecine traditionnelle mapuche entre à l’hôpital
Ce centre de soin interculturel est le fruit d’une volonté conjointe du Ministère de la santé de la région, de l’équipe de santé rurale de l’hôpital d’Aluminé et des membres de la communauté Mapuche Aigo et Huenguihuel.
L’objectif principal de cet hôpital est d’accueillir des personnes d’ethnies et de cultures différentes qui, le cas échéant, pourront recevoir des soins selon les préceptes de la médecine mapuche.
Ce projet s’inscrit dans la convention 169 de l’organisation Internationale du travail, signé en 1989, qui établit des droits distincts pour les peuples autochtones, y compris le maintien de leurs pratiques culturelles et sociales.
Rapprochement interculturel
Le Dr Fabian Gancedo, médecin de l’hôpital de Aluminé, en charge des soins en milieu rural, estime que:
Ce résultat est le fruit de 15 ans d’expériences avec ces communautés (…) Ces relations ont permis un rapprochement entre la biomédecine et la médecine mapuche, avec les valeurs et les techniques propres à chacune d’entre elles.
Il donne également quelques précisions sur le fonctionnement que ce nouvel hôpital:
Il y aura des salles spécifiques pour installer les âtres [cheminées], pour les guérisseurs, les rebouteux et les herboristes (…) et en plus, un espace cérémoniel pour le machi, la plus grande figure de la cérémonie de guérison mapuche
Autre particularité de l’établissement, les lits ne seront pas orientées vers l’ouest. En effet, c’est dans cette direction, derrière la cordillère des Andes, que se trouve l’endroit ou vont les morts, selon les croyances du monde mapuche.
Deux conceptions différentes de la prise en charge des pathologies
Pour sa part, Lorenzo Loncon, membre de la Confederación Mapuche de Neuquén, explique que le concept de la médecine occidentale est de « tout séparer », l’homme et la culture de la nature. Dans la vision mapuche, tout implique « une unité ». Pour lui, la médecine ancestrale à démontré que:
« quand c’est naturel, c’est beaucoup mieux qu’une combinaison chimique ou synthétique (…) toutes les cultures sont différentes, la médecine doit être appropriée à chaque culture. »
Force et manquement des politiques interculturelles
F L, une anthropologue de l’université de Buenos Aires, estime que:
les projets de ce type sont positifs, car ils rendent visible les pratiques de santé autochtones (…) et les mettent presque au même niveau que la médecine moderne dominante.
Un discours qu’elle tempère cependant, en regrettant que:
les politiques interculturelles ne sont pas suffisamment bonnes (…) car elles sont souvent pensées d’en haut et la participation des autochtones n’intervient que plus tard, ce qui créer des tensions entre les peuples.
Pour elle, si ce projet d’hôpital sera une bonne chose en soit, il ne doit pas faire oublier que:
l’éducation interculturelle ne peut pas être réduite à l’utilisation de plantes ou à des ateliers linguistiques.
Source: d’après un texte de Santiago Mayor paru en espagnol sur actualidad.rt.com
Ce projet en phase d’aboutir, d’un lieu de soin interculturel est un bel exemple de rapprochement des cultures et du respect des différences, dont plus d’un pays pourrait s’inspirer. Partager l’info sur les réseaux sociaux: