Un rapport de l’Académie de médecine sur le burnout évoque des dizaines de milliers de victimes depuis déjà de nombreuses années. On voit enfin le champ de la recherche médicale s’ouvrir à ce qu’il faut bien considérer comme étant LE fléau du monde du travail actuel.
Burnout : des milliers de victimes, enfin une reconnaissance à venir ?
Ce rapport est le premier publié par une grande institution médicale publique pour progresser vers la reconnaissance du burnout.
L’annonce est faite par le psychiatre Patrick Légeron, l’un des rapporteurs du rapport. Oui, c’est étonnant. Alors que le terme « burnout » est tombé dans le langage courant et que les centres de consultation sur la souffrance au travail se multiplient pour traiter cette pathologie:
« il n’existe à ce jour aucune définition scientifique du burnout ! »
C’est même LE grand absent des classifications médicales et des nomenclatures internationales.
Burnout : objet médical non identifié
Il y a urgence à dépasser ce paradoxe très français : alors que le pays est mal classé en Europe pour la prise en charge du stress au travail, ce serait dans l’Hexagone que l’on parlerait le plus du burnout, sans toutefois déployer les moyens juridiques suffisants pour y remédier…
Un projet de loi a bien failli l’imposer comme maladie professionnelle au printemps 2015 mais l’idée a été rapidement écartée. C’est certes décevant au regard des 3,2 millions d’actifs concernés en France, mais logique : comment pourrait-on légiférer sur un vide médical ?
Un vide médical sciemment entretenu ?
La question est posée. Je ne suis certainement pas le seul à m’interroger. Qu’est ce qui freine le plus ? La maladie en elle même est si répandue, avec probablement des dizaines de milliers de personnes actuellement atteintes. La médecine du travail est tellement confronté au phénomène. Il semble bien qu’il y est matière à combler ce « persistant » vide médical.
Toutefois, le vide n’est pas sidéral
Le rapport recense notamment :
- les découvertes de Claude Veil dès 1959 sur l’épuisement professionnel
- le lancement de l’expression consacrée par le psychanalyste new-yorkais Herbert Freudenberger en 1971
- l’échelle d’évaluation de la psychologue Christina Maslach mise au point dans les années 1980
- des investigations en biologie
Si l’Académie de médecine se garde donc d’officialiser une définition à ce stade, elle propose finalement un portrait précis, avec :
- des symptômes clairs comme l’épuisement émotionnel, la dépersonnalisation, panne de l’accomplissement personnel…
- des facteurs déclenchants identifiés : contextes professionnels toxiques et fragilités personnelles
Le jour même de cette publication, la ministre de la Santé annonçait la création d’un groupe de travail pour proposer, enfin, une définition médicale du burnout. Le jour même… quelle réactivité ! Alors, va-t-on assister à la fin de l’omerta sur cette maladie professionnelle si répandues ? Pas si sûr…
Hypothèse lucide et accusation facile
Force est de constater que ce vide médical entretenu n’est pas sans conséquences. La principale, celle qui parait la plus urgente au regard des nombreux malades en situation de précarité financière : l’absence de prise en charge au titre de la maladie professionnelle.
On peut affirmer qu’une reconnaissance du burnout plomberait sévèrement les comptes -déjà dans le rouge- de la sécu. On peut deviner que ceux qui tiennent les comptes ne voient pas cette situation d’un bon œil. De la à dire que la recherche est tenue à l’écart par le pouvoir en place, dont le soucis principal est celui de son bilan financier et économique, lequel doit être soigné en vue des prochaines échéances électorales…
D’autre part, dans la foulée des lois Macron et El Khomri, c’est vrai que le burnout fait « tache ». D’ailleurs beaucoup croient que la nouvelle réglementation du travail et la précarisation qu’elle institue, est à même de provoquer une explosion du nombre de cas de burnout… comment pourrait-il en être autrement ?
Le burnout maladie des temps modernes
Lire le rapport de l’Académie de médecine academie-medecine.fr (pdf)
D’après un article paru sur scienceshumaines.com
La science avance quand on lui donne les moyens. Les moyens manquent quant il n’y a pas de volonté. Et pendant ce temps là : le burnout continue de faire des ravages. Partagez cet article pour faire avancer… les volontés :