On ne va pas se mentir, trouver la motivation pour chausser les baskets et aller courir n’est pas toujours facile. Par contre, si on en revient généralement épuisé, on est aussi ravi de cette dépense d’énergie. Comment s’explique ce sentiment de bien-être éprouvé ? Un médecin du sport et son confrère spécialisé en psychologie sportive, nous apporte un éclairage sur ces mécanismes puissants.
Courir est excellent pour le moral
De la douleur jusqu’au le plaisir
Tous ceux qui courent l’ont déjà ressentie : la sensation d’apaisement et de plénitude, après quelques kilomètres dans les baskets.
Pourtant, avant de faire du bien, courir fait mal. Les douleurs musculaires, les poumons qui brûlent, la sensation d’être parfois au bord du malaise. Pour certains, footing rime avec « torture »… jusqu’au second souffle. Puis la douleur laisse rapidement place à une sensation de grand plaisir.
Courir est un jeu socialement conventionné, qui implique certaines règles : trouver la motivation, dépasser la souffrance… Elles semblent contraignantes, mais c’est tout le contraire, une fois que ces codes ont été intégrés, ils ne sont plus vécus comme problématiques.
– Aziz Essadek, docteur en psychologie sportive
Au contraire, d’ailleurs les joggeurs savent conjuguer leurs attentes et leurs capacités. C’est probablement pourquoi, il existe autant de façons de courir qu’il y a de joggeurs. On court plus ou moins vite, plus ou moins longtemps, seul ou à plusieurs, avec ou sans obstacle, en circuit urbain ou en forêt… bref, on court comme on est !
Courir pour se vider la tête ou pas
En courant, les pensées se bousculent, ou pas. Romain Beaufort, médecin du sport, distingue en fait trois grandes catégories de joggeurs :
- Le solitaire qui va laisser son esprit divaguer, méditer, faire le point sur sa vie. Pour lui la course devient un jeu du corps et de l’esprit.
- Celui que la monotonie de la course à pied ennuie. Pour se changer les idées, il va écouter de la musique.
- Enfin, il y a celui qui court en groupe, pour partager un moment amical ou social, pour bavarder de tout et de rien.
Attention donc, il ne faut pas croire que la course à pied favorise toujours la réflexion :
Lorsque l’on démarre la course à pied, l’effort à réaliser est souvent éprouvant. La coordination entre la respiration et les mouvements est très compliquée. Le coureur va donc avoir tendance à se focaliser sur la réalisation de sa performance. Pour pouvoir s’en détacher, il faut déjà avoir une certaine expérience.
– A. Essadek
C’est ce qu’expriment la plupart des marathoniens. Eux qui courent deux heures de suite et plus, témoignent que pendant un certain temps, la pensée poursuit son cours. Puis enfin, le vide est possible, entraînant une sensation d’apaisement profond.
Courir et gagner en confiance
Le running aide à développer confiance, estime de soi et sens du défi. Il renvoie à une idée de dépassement et offre une sensation de légèreté. A Essadek analyse les raisons :
La plupart du temps, nous pensons que la capacité de notre corps à se mouvoir est extrêmement limitée. La course à pied va permettre de découvrir de nouvelles aptitudes que l’on ne soupçonnait pas. Il y a une forme de sublimation dans la mise en activité du corps. C’est un combat avec soi-même qui, lorsqu’il est achevé, procure une grande satisfaction.
R. Beaufort de précise qu’avec la course à pied, « on réalise que l’on maîtrise de mieux en mieux son planning, ses envies, sa motivation« . Cependant, il est impossible d’être pleinement rassasié. C’est pour cela que de manière générale, ceux qui font du sport ne s’arrêtent jamais. L’envie d’expérimenter, d’aller plus loin, d’être épanoui est toujours présente.
L’endorphine fait chutter le niveau de stress
Rythme de vie effréné, fatigue, difficultés familiales et professionnelles… Notre quotidien génère des tensions que le sport permet d’évacuer. « Courir permet notamment de se concentrer sur soi-même, de s’échapper intellectuellement et donc de réduire le stress« , remarque A. Essadek.
Faire un footing agit également directement sur notre métabolisme : « cette activité sollicite également la voie sérotoninergique, très impliquée dans le traitement de la dépression et permet la fameuse sécrétion d’endorphines, qui s’active en moyenne après une-demi heure d’effort », R. Beaufort.
L’endorphine. Avec cette précieuse hormone du bien-être, secrétée pendant la pratique du jogging; on peut donc agir positivement sur ses contractures musculaires ou ses maux de tête, entre autres exemples. Mais au delà, c’est le moral qui profite de chaque séance.
Courir donne un bon moral
Les joggeurs sont unanimes sur le sujet : courir détend, dynamise et donne de l’énergie pour la journée. « C’est prendre soin de soi, s’accorder du temps« , continue Romain Beaufort. En cas de petit coup de blues, beaucoup vont chausser leurs baskets. « Courir permet de casser des boucles négatives : cela peut aider des personnes qui ont du mal à prendre soin d’elles, qui n’ont plus de projets, qui ont du mal à concrétiser les envies. C’est une façon de reprendre sa vie en main« .
S’il est vrai que les premières foulées sont souvent difficiles, le coureur se prend généralement au jeu au fur et à mesure qu’il découvre les bienfaits de ce sport.
Courir souvent est préférable que courir longtemps
La meilleure chose à faire, pour ne pas se lasser, c’est de commencer de manière peu intensive mais régulière :
En général, on préconise des séquences de 15-20 minutes, que l’on alterne avec de la marche à pied, pour ne pas se blesser. L’idéal, c’est de le faire deux à trois fois dans la semaine, conseille le médecin du sport. C’est préférable au jogging d’une heure le dimanche, qui pourrait provoquer des lésions.
Courir dans son coin ou avec les copains
Courir en groupe peut être un moyen de rencontrer de nouvelles personnes, d’échanger, de casser la monotonie du sport… Après, tout dépend de la personnalité et des préférences de chacun. A. Essadek conseille aux personnes qui commencent, de courir à plusieurs pour se motiver et s’encourager mutuellement.
Et pourquoi pas introduire un peu de compétition par la suite ? « Pour en tirer des bénéfices, celle-ci doit être imposée par le sujet lui-même et non pas par une personne extérieure. C’est lui qui doit fixer ses propres objectifs. Dans le cas contraire, cela deviendra contraignant et n’aura plus aucun intérêt. » La course doit rester avant tout un défi que l’on se lance à soi-même.
Après lecture de cet article, vous n’irez peut-être plus chez le psy, ou peut-être irez vous en courant… pour lui expliquer qu’il ne vous verra plus !
Source : psychologies.com
Courir n’est pas une obligation et certainement pas un calvaire. Ceux qui courent le savent. Ceux qui savent peuvent partager cet article :