La dépendance alcoolique concernerait 2 millions de français. On déplore près de 50000 décès et pas moins de 800 000 hospitalisations par an. L’alcoolisme demeure un fléau. L’engrenage infernal de cette maladie répond à un mécanisme destructeur puissant.
Dépendance alcoolique : l’engrenage infernal
La dépendance alcoolique est une pathologie neurologique. Une maladie contre laquelle une prise en charge spécifique et des traitements existent. Il est encore important de le rappeler même si le regard de la société a bien évolué depuis vingt ans.
Aujourd’hui la personne alcoolique est reconnue dans ce statut et à droit à une prise en charge médicale et psychologique adaptée. Reconnue certes, mais trop peu de malades sont actuellement pris en charge, plus de 90% d’entre eux vivent un enfer cloîtrés dans la honte et l’isolement.
Une prise en charge avant cinq ans
Quand la dépendance alcoolique est installée, le temps joue contre le malade. Plus tôt la prise en charge intervient, plus grandes sont les chances de s’en sortir. Un sentiment de honte profonde est le principal obstacle. La culpabilité résulte du regard que la société a porté sur ce « problème » depuis trop longtemps.
Le statut de « malade » reconnu
Avant d’entamer une démarche de soin, il faut que le sujet en proie à l’alcool se reconnaisse lui même le statut de « malade ». L’entourage a un rôle à jouer. Prendre un peu de son temps pour parler et, chaque jour, renouveler cette attention semble peu de choses. Mais c’est ce qui peut permettre d’établir et de garder le contact.
C’est seulement après, quand le statut de malade est établi et indiscutable, que la personne en détresse sera capable de parler de son problème, d’accepter de l’aide et un traitement médicamenteux. Une hospitalisation dans un service d’addictologie est souvent inévitable.
Personne n’est à l’abris
En France, trois personnes sur dix traverseront une partie de leur vie sous l’emprise d’une dépendance alcoolique. Personne n’est à l’abri.
Le mieux donc est de ne pas tomber malade, ne pas devenir alcoolo-dépendant. Cela peut vous paraître facile, tant mieux. Mais croyez bien qu’il est tout aussi facile d’acquérir des habitudes néfastes avec l’alcool.
Un produit psychotrope
Même s’il n’est pas reconnu comme un « stupéfiant » par les pouvoirs publics, l’alcool n’en reste pas moins un produit psychotrope, une drogue donc. On aurait tort de sous estimer cet ennemi qui ne dit pas son nom. D’autant plus que l’usage de l’alcool est bien souvent festif (au début tout du moins).
Trop souvent, nous ne reconnaissons son côté destructeur et incontrôlable, que lorsqu’il nous affecte déjà.
La drogue provoque une dépendance psychologique. L’alcool a aussi cette propriété qu’ont les psychotropes, de modifier le psychisme de l’individu.
L’alcool : un « médicament » puissant contre l’angoisse
L’alcool rend euphorique et permet de vivre comme dans un rêve et d’esquiver la réalité. C’est aussi un « médicament » que l’on utilise contre l’anxiété et la dépression, l’un des plus utilisés malheureusement.
Ainsi, le petit verre partagé avec un ami de temps en temps va remplir sans le dire son rôle d’alcool-médicament. Il efface les soucis, rend à l’aise pour communiquer. L’alcool diminue le stress et les tensions psychologiques.
Quand la dépendance psychologique s’installe
L’alcool ne résout pas les problèmes. Tout au plus met-il un pansement sur les blessures de la vie. Cela permet d’oublier un temps la cause du malheur. C’est là le danger qui guette l’alcoolique en devenir : prendre l’habitude d’esquiver les petits problèmes qui deviendront grands.
Ce cumul de problèmes non résolus pèse de plus en plus lourd psychologiquement. Les doses d’alcool de médicament sont augmentées. Les soucis s’effacent, avec eux l’angoisse disparaît. Le piège se referme : la dépendance s’installe rapidement.
Des troubles graves apparaissent…
On assiste alors à un phénomène caractéristique. Le malade opère une régression psychologique et adopte une attitude puérile. Cette démarche incontrôlable est souvent insupportable pour le malade lui-même. En résulte l’apparition de troubles du caractère qui peuvent être importants.
le manque alcoolique est l’un des pires supplices que l’on puisse infliger à un organisme
Au delà d’un certain seuil, propre à chacun, apparaît la dépendance physique. Le manque se fait ressentir, il est terrible. On entre dans ce qu’il faut bien appeler par son nom : la toxicomanie.
La toxicomanie alcoolique
Comme dans d’autre cas de toxicomanie, rapidement on voit le malade alcoolique développer des symptômes multiples qui le mènent vers sa désocialisation. Les troubles du caractère s’amplifient. Il se désintéresse de ses proches.
Un état dépressif latent laisse ensuite la place à une dépression nerveuse bien réelle, qui apparaît systématiquement.
Longtemps, le malade lutte. Il refuse de se considérer comme un alcoolique, cet être méprisable que tous rejettent. Accepter ce statut le plongerait dans la dépression.
Le déni maintient le malade dans l’utopie
Un mécanisme d’autodéfense se met donc en place pour empêcher cette dépression : c’est le déni. Il permet au sujet dépendant de se convaincre qu’il n’est pas alcoolique. Il essaie, en toute franchise, d’en convaincre également son entourage.
Plus tard, le malade se compare à plus alcoolique que lui pour se maintenir dans l’illusion. Il peut ainsi continuer d’affirmer qu’il n’a pas de problème d’alcool.
La dépression nerveuse inévitable
C’est encore assez peu connu et admis dans l’opinion publique, tous les alcooliques deviennent un jour des déprimés profonds. Et malheureusement, tous tenteront de « soigner » cette dépression par leur médicament anti-stress habituel : l’alcool.
Le cercle vicieux est enclenché
De plus en plus de problèmes, de plus en plus d’alcool, un état dépressif qui s’aggrave… Briser ce cercle vicieux n’est pas facile. Il conduit le malade alcoolique vers la solitude et l’isolement social.
Il faut souvent plusieurs années pour parvenir à s’en sortir. Seul, le problème est insurmontable. Sachez également que les rechutes sont inévitables, elles font partie du processus de guérison.
Pour la personne alcoolique, il est souvent difficile de demander et même d’accepter de l’aide. Mais une bonne technique d’approche du malade donne souvent de meilleurs résultats :
Sources (pour les chiffres) : le Parisien -édition du 23 mars- dans « Dépendance à l’alcool : osons en parler » de Claudine Proust
Une mine d’information et de soutien possible sur : alcoolassistance.net
Consulter : l’annuaire des structures de soins en alcoologie édité par la Société Française d’Alcoologie