Le chef amérindien Raoni, est venu à la COP21 du Brésil pour dénoncer les activités polluantes des multinationales et présenter l’ Alliance des Gardiens de Mère Nature. Il demande à chacun, de lui apporter son aide pour lutter contre les grands propriétaires fonciers, lesquels empiètent toujours plus sur la forêt amazonienne afin de cultiver des produits consommés en Europe, notamment.
Le chef Raoni en porte-parole de l’ « Alliance des Gardiens de Mère Nature »
Présent lors de la COP21 au Bourget, Le chef amérindien Raoni a tenu une conférence grand public, durant laquelle il s’est élevé contre la construction de barrages hydroélectriques et a lancé un appel aux pays d’Europe pour l’aider à préserver la foret et l’environnement menacé en Amazonie et ailleurs. Chacun d’entre nous est sollicité. Notre contribution individuelle est possible et simple : cessons de consommer des produits alimentaires importés.
Raoni Metuktire, âgé de 85 ans, est le chef du peuple Kayopo d’Amazonie, une communauté brésilienne d’environ 7.000 âmes. Il s’est fait connaître en 1989 en accompagnant le chanteur Sting dans une tournée mondiale, pendant laquelle il a rencontré, entre autres, François Mitterrand, Jean Paul II ou l’empereur du Japon.
L’interview du chef Raoni, par Laurence Defranoux pour Libération, a été réalisée via une double traduction, du kayopo au portugais, puis du portugais au français. Et vice versa.
L’alliance des 13 chefs indigènes
Le chef Raoni est venu à la COP21 en porte-parole d’une alliance de huit chefs venus d’Amérique du Nord, du Pérou, de Bolivie, d’Afrique, de Papouasie, de Thaïlande et cinq autres d’Amazonie.
Il y a présenté l’Alliance des Gardiens de Mère Nature. Ce rapport signé par ces treize représentants de communauté, comprend des propositions pour de la nature et des générations futures:
Je suis venu à la COP21 pour demander enfin aux gouvernements de prendre les mesures qui s’imposent contre la dégradation de l »environnement, et pour lancer avec d’autres chefs indigènes. Il est indispensable qu’on s’unisse car nous subissons tous les mêmes menaces face à un ennemi identique.
La culture menacée
Les jeunes sont obligés par la loi brésilienne d’apprendre le portugais, et avec la langue ils apprennent la manière d’être des Brésiliens. Ils sont très attirés par la technologie, ce qui a deux effets opposés. Ce qui est positif, c’est qu’ils nous ramènent des informations sur le monde, et que nous sommes au courant des choses qui nous concernent. Le mauvais côté, c’est que cela les éloigne de la culture traditionnelle, ils s’habituent à des divertissements qui ne sont pas typiques. Dès que l’on apprend que l’un d’eux a des problèmes d’alcool, on le rapatrie immédiatement au village.
Aux garçons, on leur dit d’apprendre d’abord leur culture, ensuite celle des autres. Et je leur conseille de continuer à préserver notre culture. Chez nous, la vie des femmes est très différente, elles travaillent aux champs, à la maison, transmettent aux filles leurs connaissances. C’est très important que les femmes continuent à avoir un comportement traditionnel.
Consommer locale pour contrer les industries dévastant les écosystèmes
« Personnellement, je ne ressens aucun problème à naviguer entre les deux cultures depuis trente ans. Je m’adapte, je regarde, j’aime découvrir le monde, les différences de climat m’amusent. J’aime beaucoup la France, et les Français m’aiment beaucoup. »
Il explique comment la situation alarmante peut être contrée en agissant sur « le nerf de la guerre », l’argent, notre argent, celui que vous et moi dépensons au quotidien pour nous équiper et remplir notre garde-manger :
Au Brésil, les industries minières, agricoles et de l’énergie menacent notre forêt. Les grands propriétaires fonciers déboisent pour faire des cultures, y déversent des pesticides, qui se retrouvent dans les rivières dont nous buvons l’eau. Il faudrait boycotter les produits issus de cette dévastation, et que les Européens mangent ce qu’ils produisent sur leur propre sol.
Enfin, Raoni Metuktire conclue son exposé en s’adressant à chacun d’entre nous :
J’espère que vous allez m’aider dans ce combat, et le nerf de la guerre, c’est l’argent.
Nous sommes tous en mesure de pouvoir apporter notre aide et contribuer ainsi à rendre la société plus raisonnable, plus respectueuse des êtres vivants et de l’environnement. Car consommer local est un acte de raison, engagé et solidaire. Utilisons ce pouvoir dont nous disposons, dans le soucis bienveillant de préserver la planète et la vie tout simplement.
Source : d’après un article paru sur liberation.fr
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