Le « Miel Béton » surprenant nectar des villes

Chaque année entre 200 et 300 kilos de « Miel Béton » sont offerts sur les trottoirs des villes, les places, les théâtres où les abeilles sont installées dans le cadre des projets de « pollinisation de la ville ». Un miel aux incroyables qualités gustatives, exempt des produits phytosanitaires qui polluent les campagnes…

Nos villes deviennent des lieux de production apicoles prisés. Ici, au milieu des tours de béton et des rues goudronnées : les produits phytosanitaires de l’agriculture intensive n’existent pas. Des fleurs hétéroclites sont présentent toutes l’année. Il n’en fallait pas plus pour que le « Miel Béton » soit primé par la profession. Il obtient médailles d’or, d’argent ou de bronze à chaque concours apicole où il est présenté!

« En achetant un pot de ce “Butin du ciel”, nectar et concentré d’histoires et de géographies urbaines vous investissez dans une ruche et parrainez la folie d’un projet artistique »

De là à ce que le tout Paris se rue sur le Miel Béton… il n’a pas fallu attendre bien longtemps. Des enseignes prestigieuses de la capitale distribuent aujourd’hui le nectar parisien. Le Miel Béton trouve sa place aux côtés des produits gastronomiques les plus raffinés.

3000 hectares de ville dans un pot de miel


Poser une ruche quelque part consiste à poser un centre de prospection et à tracer autour de cette ruche un cercle d’environ 3 km de rayon. Ce territoire «invisible» délimite alors environ 3 000 hectares de superficie qui constituent approximativement la zone de butinage et de prospection de l’abeille.

Le «Miel Béton» en devient la concentration. Concentration de géographies et d’histoires, accumulation d’anecdotes de butinages, d’une ville mise en pots. Le miel tel un condensateur du temps et des espaces urbains. Avec l’abeille comme médium et bâton de transhumance, la «Pollinisation de la ville», initiée par Olivier Darné, nous aide à voir et à goûter l’invisible d’une ville interstitielle.

 » la ruche des villes produit jusqu’à 16 kilos de miel quand celle des champs arrive péniblement à 8 kilos »

Influence des zones de friches, délaissés urbains, alignements d’arbres, jardins ouvriers, zones d’activité, toits terrasses et fleurissements de ronds-points, balcons et appuis de fenêtres… nature de ville et de marges qui tiennent les feuilles. Avec l’abeille pour témoin, ses installations dans l’espace public, questionnent et révèlent nos relations à l’environnement urbain, ses flux, ses densités, son organisation sociale et ainsi finalement notre lecture et notre appartenance à la ville, cette ruche des hommes.

Le projet « Pollinisation de la ville »


À travers le terme générique de «Pollinisation de la ville», le collectif d’artistes le Parti Poétique met en chantier un projet de recherche transdisciplinaire portant sur la ville, autour du travail d’Olivier Darné, plasticien et apiculteur urbain.

Sur les toits du Grand Palais à Paris

Avec l’abeille pour témoin, ses installations dans l’espace public questionnent nos relations à l’environnement urbain, ses flux, ses tensions, ses densités et son organisation sociale, et favorisent la perception par le public des enjeux associés à une lecture de la ville différente, critique et constructive, au croisement des champs politiques et culturels.

Au coeur des «zones de butinage» de l’abeille urbaine, le Parti Poétique met en place une équipe interdisciplinaire d’artistes, de botanistes, d’urbanistes, d’anthropologues, de marcheurs, d’apiculteurs, d’habitants, de curieux… pour interroger le genre urbain et humain, dans cet espace commun à tous, l’agglomération urbaine: «la ruche des hommes».

Depuis la rue, entre terre et ciel, cette pratique singulière, ouvre un terrain qui lie un geste artistique à des questionnements politiques, culturels, économiques et écologiques, par l’expertise scientifique d’un milieu, la ville, et de ses hôtes.

Le « Miel de pays urbain » véritable kaléidoscope culturel


Les analyses polliniques de différents crus de «Miel béton» produits ont permis de révéler la paradoxale biodiversité de la ville. L’homme étant aujourd’hui par sa mobilité, plus encore que le vent, un véhicule de graines, ce «butin du ciel» nous éclaire à propos de l’histoire et des voyages d’une population.

Miel Béton, miel du voyage interculturel

Pour preuve les 300 pollens du «Miel Béton» produit à Saint-Denis marquent dans leur diversité, le brassage culturel d’habitants qui agissent, sans en avoir conscience, sur le paysage d’une ville. Jusqu’à créer véritablement un miel du voyage, produit d’un pays dont le terroir trouverait son origine dans l’origine des hommes.

Les arômes complexes d’un miel issu d’un kaléidoscope culturel complexe, celui de la ville, révèlent ainsi le milieu, la densité et l’intensité de la cité, lieu de concentration de voyages… Une métropole comme ville monde. Le miel, n’est alors plus la finalité, il est le commencement d’une exploration qui va nous permettre de mêler histoires et géographies, de travailler à l’appropriation de choses qui appartiennent à tous, un bien commun.

Des expérimentations artistiques/sociales/écologiques multiples


Dernière en date, dans le cadre des internationaux de Roland-Garros : l’installation « Cultiver le ciel« , conçue par le Parti Poétique abrite 60 000 abeilles. Elle devient sur la Place des mousquetaires,  un « guichet de pollinisation » des 3000 hectares de ville autour de Roland-Garros.

D’autres expérimentations se poursuivent, au croisement d’une démarche artistique dont les enjeux concernent aussi bien la diversité culturelle, sociale et urbaine de la cité:

  • Rucher expérimental, installé en 2000 sur le toit de la Mairie de Saint-Denis (93)
  • Les «Butineurs Urbains» posé en 2004 entre les trottoirs de Paris et d’Aubervilliers
  • Les «Usiruches» réalisées dans le cadre d’une résidence à Roubaix, Musée la Piscine et à la Condition Publique
  • La «BeeBox», ruche suspendue pour arbre à miel urbain dans le quartier Stalingrad à Paris

Et depuis, un autre grand projet du Parti Poétique a vue le jour …

La Banque du miel


Avec ce projet de recherche appliquée, intitulé la Banque du miel, l’association franchit aujourd’hui une nouvelle étape de développement, qui se caractérise notamment par le lancement d’une vaste mission de pollinisation et d’essaimage. Par le biais d’installations artistiques dans l’espace public, la Banque du miel sensibilise le grand public à la lecture et à la compréhension des pressions que l’homme opère sur les milieux qu’il habite.

La pertinence des problématiques soulevées par ce projet est mise en évidence par l’actualité de deux crises, l’une écologique (dégradation des écosystèmes, diminution des populations d’abeilles…), l’autre économique et sociale (crise financière).

Le projet de la Banque du miel a connu deux prologues en 2008, en septembre avec « les Chambres fortes » réalisées dans le cadre de la biennale départementale d’art contemporain « Art Grandeur Nature » en Seine-Saint-Denis et l’installation d’un dispositif « un bien pour un mal » à la galerie OFFOFF à Lyon, en décembre 2008.

Ce projet décline depuis 2009, une mission « transhumante » aux échelles métropolitaines, entre acteurs culturels, urbains et scientifiques, autour de questions ouvertes portant sur l’évolution, la nature, la densité et l’intensité de la ville (zones urbaines et péri-urbaines).

Toutes les infos compléméntaires:

  • La banque du miel, le site qui présente la démarche du Parti Poétique
  • Le Parti Poétique, présentation des membres, collaborateurs et de l’action du collectif d’artiste

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