Loin de l’image du premier de la classe, beaucoup d’enfants « surdoués » sont en réalité en difficulté à l’école. Parce qu’ils sont encore mal compris par les enseignants, leur parcours peut se révéler douloureux et leur précocité, au lieu d’être un atout, devient un handicap.
Des enfants surdoués en échec scolaire
Comme Mozart, Michael Jackson ou Albert Einstein avant eux, 2,6% des élèves entre six et seize ans sont considérés comme des « enfants surdoués », « intellectuellement précoces » ou « à haut potentiel », selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé.
En France, ils sont quelque 300.000, soit environ un ou deux par classe.
Curieux insatiables, intuitifs et créatifs, avec un grand sens de l’humour, ces enfants se caractérisent par un quotient intellectuel supérieur à 130, un fonctionnement cérébral atypique et une très grande sensibilité. Ils présentent un développement intellectuel avancé par rapport aux enfants de leur âge, un décalage qui demande un effort pour s’adapter à leur environnement.
Véronique Guilbard, mère de deux enfants précoces, se souvient:
Pour le premier, ça se voyait dès qu’il est né. Il regardait partout » puis a vite très bien parlé (…) mais dès la maternelle, ça a posé problème. Ensuite, l’école primaire a été un enfer.
Car si la plupart des enfants surdoués sont heureux à l’école et bien dans leur peau, environ un tiers, malgré tous leurs atouts, rencontrent beaucoup de difficultés, à la fois scolaires et psychologiques. Véronique G. reprend :
On lui a fait passer un tas de tests avec des psychologues, ça a été un vrai parcours du combattant.
Amélie Courtinat-Camps est maître de conférences en psychologie du développement et de l’éducation. A l’occasion d’un récent colloque organisé à Evry par la direction académique et le réseau pédagogique Canopé, la psychologue expliquait:
Ils ont un rapport au savoir décalé par rapport à ce qui est enseigné dans notre système éducatif (…) Ils comprennent très vite, de manière intuitive, mais n’arrivent pas à expliquer leur méthode. Cela peut déstabiliser les équipes enseignantes.
« Un prof peut tout changer »
Par leurs réparties ou la rapidité de leurs réponses qui perturbent la classe, ils peuvent irriter les enseignants. Parfois, leur différence va entraîner le rejet des camarades de classe.
C’est notamment le cas au collège « le moment de tous les dangers », selon Alain Salzemann, principal-adjoint du collège Charcot à Joinville-le-Pont (Val-de-Marne), un établissement qui accueille beaucoup d’enfants précoces :
Ils tentent très vite de se mettre dans la norme, d’inhiber leurs talents et cela peut avoir un effet destructeur, explique-t-il.
Peuvent s’y ajouter des problèmes de dyslexie ou des troubles de l’attention. Souvent, les conséquences se font sentir sur le bulletin de notes. Florence Pâris qui est chargée de mission au rectorat de Versailles, évoque même une « maltraitance institutionnelle », elle constate que :
Comme le sujet est encore mal connu, les gens pensent souvent que les enfants précoces sont forcément brillants. Il y a de l’incompréhension et donc de la maladresse de la part des enseignants (…) L’école ne comprend pas le fonctionnement de ces enfants. Cela provoque énormément de souffrance dans les familles.
L’orthophoniste Sophie Servent révèle avoir vu :
… beaucoup d’enfants font de vraies dépressions dès le CP. Dans ce cas, il faut être très rapide et réagir très vite, sinon on n’arrive pas à les rattraper.
Pour aider l’enfant à s’épanouir et à développer ses capacités, le comportement des enseignants est essentiel, selon elle:
Un prof peut tout changer. Il faut être le plus bienveillant possible.
Car lorsque les professeurs s’adaptent aux particularités de ces enfants, c’est l’ensemble de la classe qui en profite, soulignent les spécialistes.
Si ce sujet vous intéresse, ou qu’il vous concerne particulièrement, ce livre vous en apprendra davantage sur le vécu souvent difficile de ces enfants aux capacités intellectuelles hors normes :
Source : lindependant.fr
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