« Mais au fait, comment tu t’appelles ? »
Vous connaissez maintenant Antoine et son amie Amandine, partis pour un tour du monde sans date de retour précise. Je vous rapporte régulièrement leurs aventures sur mon blog. Pour ceux qui arrivent, il vous suffit de rechercher « Antoine » sur ce site, pour prendre connaissance des différentes étapes passées de leur voyage. Des récits de voyage donc, mais aussi des pensées profondes, des réflexions qui émergent au fil des pays visités, au gré des rencontres effectuées. C’est l’une de ces pensées qu’Antoine souhaite aujourd’hui partager avec ce texte surprenant.
« Mais au fait, comment tu t’appelles ? »
Un truc que j’adore en voyage, c’est la rencontre avec d’autres voyageurs. Que ce soit une rencontre dans un bus le temps d’un trajet, au restaurant le temps d’un repas, au bar le temps d’une soirée, ou même une journée à visiter ensemble un monument. Que ce soit une rencontre de 5 minutes ou de plusieurs heures.
Mais le truc que j’aime encore plus lorsqu’on fait ces rencontres, c’est ce phénomène suivant : on parle souvent avec passion, avec cœur.
On est super ouvert et super à l’écoute. Souvent lors de ces rencontres, on raconte des moments forts de nos vies et même des choses très personnelles que normalement chez nous en France on ne dirait qu’à ses très proches amis… et encore.
il y a des choses que des voyageurs rencontrés savent de moi que même mes meilleurs amis ignorent.
C’est vrai : il y a des choses que des voyageurs rencontrés savent de moi que même mes meilleurs amis ignorent. Des fois en quelques heures, j’ai l’impression d’avoir raconté toute ma vie, dans tous ses détails, et de connaître celle de l’autre comme si je le connaissais depuis des années.
En général, ces rencontres commencent en se demandant mutuellement de quel pays on vient. Puis on parle chacun de son trajet de voyage jusqu’à maintenant, et on parle de la suite du voyage. Puis vient le moment où quelqu’un sort une anecdote qui lui est arrivée lors de son voyage. Alors ça me fait penser à une de mes histoires de voyage que je me mets à raconter. Du coup, lui aussi ça lui rappelle une anecdote de voyage qu’il se met à te raconter…
C’est comme ça, qu’on se parle pendant des heures à raconter nos petites aventures de voyage. Puis parfois, une fois les histoires finies, on parle de politique, ou encore de spiritualité. Plein de débat défilent, on s’apprend mutuellement pleins de choses, on se marre, on trinque !
Puis on retourne sur des anecdotes de voyages. On pose des questions sur la vie dans le pays où il vit, on répond ensuite à des questions sur notre propre vie en France.
Après des heures de partage, on rentre chacun dormir dans sa chambre, en se disant « à demain » ou parfois en se disant « bonne route, et qui sait ? A bientôt peut être quelque part dans le monde ! ». Une fois allongé dans mon lit, je repense à la rencontre que je viens de faire, à la personne et ses histoires… d’un coup je me dis :
Mais au fait, c’est quoi son nom ?
Si vous saviez le nombre de fois que cela m’arrive ! Pour être honnête, c’est comme ça que ça se passe les trois quarts du temps ! Que ce soit durant mon premier tour du monde lorsque j’étais seul, ou celui-ci avec Amandine, le nombre de fois qu’on s’est dit : « Il s’appelait comment le Canadien ? Il s’appelait comment le Néo-Zélandais ? Elle s’appelait comment l’Allemande ? » C’est pareil même avec les Français : « Ils s’appelaient comment les Lyonnais ? C’était quoi son prénom au Parisien ? »…
Du coup, soit le lendemain, tu revois cette personne et là, trop drôle, parce qu’elle aussi elle s’est dit la même chose que toi en se couchant la veille, alors dès qu’on se revoit, on se dit direct, « Au fait, tu t’appelles comment ? ».
Soit tu ne revois pas la personne, car chacun a continué son chemin. Alors le prénom de la personne restera un mystère, mais tu te souviendras du Belge avec telle histoire, de l’Anglaise, avec telle autre anecdote, et de tout ce que ces personnes t’auront apporté.
Et c’est précisément ça que j’adore ! Qu’on puisse se parler des heures voir des jours (oui, cela m’est arrivé de ne pas avoir échangé nos prénoms pendant plus de 48h !) sans connaître le prénom de la personne.
On est tellement à fond dans nos conversations, tellement passionnés, et avons tellement de choses à se dire, qu’on ne pense même pas à se dire nos prénoms ! Je ne sais pas comment vous expliquer ça, mais je trouve ça magique. Ce n’est pas du tout parce qu’on se fout de la personne à qui on a affaire, loin de là, au contraire !
C’est comme si, lors de ces rencontres, on ne rencontre pas la personne avec l’identité que la vie lui a donnée, mais avec les expériences que la vie lui a offertes.
Je vais finir cet article en vous racontant une rencontre que j’avais fait lors de mon tour du monde en 2012 à 18 ans, lors de ma première soirée au Myanmar…
« Au fait, comment tu t’appelles ? »
J’étais assis à une table, sur la terrasse de l’hôtel, il faisait nuit, et j’essayais de réaliser que j’étais enfin arrivé par moi-même au Myanmar. Un homme âgé, aux cheveux et barbe blanche, je dirais la soixantaine, vient s’asseoir avec moi pour discuter.
C’était un Allemand, au Myanmar pour sa première fois lui aussi. Nous avons parlé des heures. De choses vraiment personnelles, comme de tout et de rien, on a parlé de la vie. La conversation est partie si loin, qu’il a pleuré devant moi, me donnant à moi aussi les larmes aux yeux. Nous sommes passés ensemble par quasiment toutes les émotions. Cet homme m’a appris tellement de choses que je me souviens encore de lui 5 ans après, comme si c’était hier. Après de longues heures de conversations, nous nous quittons, il allait se coucher car son avion partait tôt le lendemain matin.
Alors qu’il est debout et qu’on se serre la main, je lui demande : » Au fait, comment tu t’appelles ? »
Il me répond alors :
Peu importe comment je m’appelle, on n’a pas besoin de connaître nos prénoms, tu m’as beaucoup apporté ce soir, c’est le principal, et j’espère en avoir fait autant pour toi [et s’il savait à quel point c’est le cas!]. Le plus important c’est ce que tu es à l’intérieur et ce que tu partages, le reste, ton identité, ton prénom, ta date de naissance, on s’en fout.
Sur ces mots, il part se coucher. Je ne l’ai jamais revu, je ne sais toujours pas comment il s’appelle, mais je me souviens toujours de ce qu’il m’a appris, de tout ce qu’on s’est dit et c’est vrai, il avait raison, c’est bien ça le plus important.
J’espère que cet article aura su vous transmettre ce que je voulais vous offrir. Aux voyageurs, j’espère que cet article vous rappellera des souvenirs et de belles rencontres. Il a été écrit en totale improvisation, avec le cœur, après une nouvelle rencontre d’un couple dont nous ne connaissons pas les prénoms en nous couchant. Big Up à vous le couple Lyonnais de Bali, qui m’aura enfin décidé d’écrire ce texte !
Namasté
Je te remercie Antoine d’avoir partagé cette pensée dans ce texte emprunt de la fraîcheur de ta jeunesse. Je crois savoir qu’après 6 mois passés sur le continent sud-américain, vous venez d’arriver en Asie. J’ai hâte de découvrir vos prochaines aventures et de les partager sur mieux vivre autrement. En attendant ceux qui veulent en découvrir davantage, et notamment de superbes photos d’Antoine et d’Amandine, rendez-vous sur antoinesurlesroutesdumonde.com
Les voyages sont incontestablement des tranches de vie d’une incroyable richesse. Partagez les pensées d’Antoine sur les réseaux sociaux, pour donner l’envie à tous de voyager :
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