Les animaux sont aujourd’hui officiellement reconnus comme des «êtres vivants doués de sensibilité». Le débat de société sur le sujet fut long et laborieux. Faut-il crier victoire pour autant? Certes non, car si la législateur avance, il reste énormément de situations inacceptables qui doivent évoluer. Pour y contribuer, l’université de Limoges propose maintenant un diplôme en droit animalier. Ce DU est le premier du genre sur le territoire national. Gageons qu’il suscite nombre de vocations parmi les jeunes sensibles à la cause animale.
Nouveau en France : un diplôme universitaire en droit animalier
La maltraitance animale peut sembler en forte augmentation ces dernières années. Mais détrompez-vous, elle existe depuis que l’Homme est Homme… Les alertes beaucoup plus facilement médiatisées de nos jours, peuvent laisser croire à un accroissement des cas de maltraitance animale.
De fait cette médiatisation à également permis de réveiller les consciences. Elle a permis également de fédérer des gens dévoués, regroupés en association, capables de coups médiatiques qui, au final peuvent faire avancer considérablement les choses.
Audray Garric, pour LeMonde, s’est rendue sur le campus de Brive-la-Gaillarde en Corrèze. Cette antenne de l’université de Limoges accueille les 29 premiers étudiants du diplôme universitaire (DU) en droit animalier de France. Jean-Pierre Marguénaud, professeur de droit privé, fondateur de la Revue semestrielle de droit animalier et co-créateur du diplôme, énonce le premier cours consacré aux statuts juridiques de l’animal:
Depuis la loi du 16 février 2015, les animaux sont considérés comme des êtres vivants doués de sensibilité dans le code civil, et sont extraits de la catégorie des biens.
Un diplôme universitaire complémentaire
C’est à la suite de cette avancée juridique majeure qu’il a décidé, avec sa collègue Lucille Boisseau-Sowinski et en partenariat avec 30 Millions d’amis, de créer un diplôme universitaire qui soit « uniquement consacré à cette discipline en plein essor mais complexe et mal maîtrisée ».
Sa collègue, Mme Boisseau-Sowinski, maîtresse de conférences en droit privé explique les subtilités de son domaine:
Le droit animalier est difficile à appréhender, dans la mesure où il touche à de nombreuses branches, qu’il s’agisse des droits civil, pénal, rural, environnemental, européen ou encore aux règles de bien-être. Actuellement, il n’est jamais enseigné dans le cursus commun de la licence ou du master en droit (…) Les débouchés ne sont pas assez importants pour créer un master à part entière. Les responsables juridiques d’associations ou les avocats qui prennent des dossiers de droit animal le font en général en parallèle à d’autres activités. C’est pourquoi notre diplôme, ouvert aux bac + 2, ne mène pas à un métier mais à des connaissances, une spécialisation complémentaire à un parcours.
« la maltraitance animale n’est pas suffisamment punie aujourd’hui »
Parmi les 29 premiers admis, on compte 17 étudiants en formation initiale et 12 en formation continue, âgés de 21 ans à 61 ans et provenant de 17 départements. Une magistrate, des avocats ou un professeur de philosophie côtoient ainsi des étudiants en sciences politiques, en droit, en éthologie, des attachés territoriaux ou encore un comportementaliste canin.
On constate la présence de 24 femmes dans cette première promotions, pour seulement 5 hommes.
A la pause déjeuner, sur la pelouse de l’université corrézienne, la petite troupe débat de végétarisme en partageant des salades de quinoa et des cookies végans. Une scène inhabituelle, en plein cœur d’un pays d’élevage bovin. Perrine Ferre, dynamique doctorante de 26 ans, qui mène une thèse en droit de la famille à l’université Paris-1, témoigne:
J’ai toujours été sensible à la question animale mais mon engagement remonte à l’époque où j’ai adopté un chien qui avait été battu, l’humain ne peut pas s’octroyer un droit de vie ou de mort sur les animaux. C’est une conviction d’ordre philosophique, mais c’est par le droit que l’on peut faire changer les choses… [or] la maltraitance animale n’est pas suffisamment punie aujourd’hui… [car] le droit animalier ne rencontre aucun écho chez les juristes, à part des rires.
Ce DU n’a pas vocation à n’être qu’une ligne supplémentaire sur leur CV. C’est surtout la perspective d’une meilleure protection des animaux qui motive les étudiants. Tous sont des passionnés de la première heure, souvent militants.
Un coût de formation de 250 à 1 050 euros selon les profils
Les chats, c’est le rayon de Fabienne Cacciapaglia. Depuis sept ans, cette professeure de SVT dans un collège de l’Isère a pris en charge, dans le cadre de son association « Les EntreChats » pas moins de 750 félins errants qu’elle soigne, stérilise et propose à l’adoption:
Le droit animalier va me fournir de solides connaissances, à la fois pour connaître les démarches que l’on peut entreprendre en tant qu’association et pour livrer aux élèves des informations claires et rigoureuses, qui vont au-delà de ma sensibilité propre.
Autre profil, celui de Pierre Georget, qui a dirigé une entreprise de la grande distribution, avant de reprendre ses études en droit. Il explique les finalités de sa démarche qualifiante. Pour lui, il s’agit:
… d’aider les associations à faire des propositions juridiques qui tiennent la route et mener du lobbying auprès des parlementaires.
Pour suivre cette formation d’une durée de deux semaines (54 heures), la facture s’élève entre 250 et 1 050 euros selon le profil de l’étudiant, hors droits d’inscription universitaires. Enfin, l’université de Limoges espère nouer des liens avec des écoles vétérinaires et la magistrature pour la rentrée 2017.
Source lemonde.fr
Partagez cette info qui fait plaisir à connaître. Puisse-t-elle donner l’envie à certains de se former, pour faire avancer davantage la condition animale: