La pression des lobbies a réussi à faire capoter une législation destinée à protéger la santé des citoyens européens des perturbateurs endocriniens très nocifs pour la santé. Deux rapports d’ONG lèvent le voile sur les dysfonctionnements des autorités sanitaires européennes. Chronologie d’une marche arrière désastreuse…
Perturbateurs endocriniens : 508 millions d’Européens sacrifiés aux lobbies
Les perturbateurs endocriniens se retrouvent dans les contenants alimentaires, les meubles, les pesticides, les produits cosmétiques, etc. Ces substances modifient le fonctionnement du système hormonal et sont impliquées, entre autres, dans l’augmentation de l’infertilité et les cancers d’origine hormonale.
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), celle des Nations Unies (ONU) ainsi que des dizaines de laboratoires indépendants, tout le monde pense la même chose :
les perturbateurs endocriniens (PE) sont nocifs, dangereux même à des doses infinitésimales.
Les perturbateurs endocriniens dans notre quotidien :
En 2009, devant les préoccupations du public et des scientifiques, la Commission Européenne s’empare du sujet des PE. Elle nous promet alors d’établir une liste de molécules à bannir, avant la fin 2013. Oui, mais voilà… à ce jour, la Commission n’a toujours édité aucune liste !
De quoi alarmer deux ONG, Corporate Europe Observatory (CEO) et Pesticide Action Network (PAN), qui ont souhaité comprendre ce qu’il se passait. Après de nombreuses demandes d’accès aux documents internes de la Commission Européene, les deux ONG ont eu accès à des centaines de courriels et mémos. Le fruit de leurs recherches apparaît dans la publication d’un rapport très perturbant…
D’autre part, une nouvelle série d’études scientifiques publiées en mars dernier, dans le » Journal of Clinical Endocrinology and Metabolism » de l’Endocrine society montre que l’exposition des populations européennes à des perturbateurs endocriniens est la cause de nombreuses pathologies dont le coût vient d’être estimé entre 150 et 206 milliards d’Euros par an par les chercheurs.
Des » experts » européens confrontés au rapport sans complaisance de l’OMS
Du côté scientifique, les conclusions des « experts » européens de l’autorité sanitaire européenne (EFSA) sont troublantes au possible, au point d’ailleurs de troubler l’un de ses cadres au plus au point. En février 2013, alors qu’ils s’apprêtent à rendre un rapport détruisant les doutes scientifiques sur les perturbateurs endocriniens, l’Organisation mondiale pour la Santé (OMS) et les Nations-Unies publient leurs propres conclusions : Troubles de la reproduction, troubles thyroïdiens, cancers hormono-dépendants, développement neuronal, obésité, diabète… tout cela à des doses infinitésimales !
Réaction des cadres de l’EFSA ? Dans un courriel adressé à ses collègues, l’un d’eux crache le morceau :
Chers collègues, la vie est compliquée […] Quand le rapport de l’OMS / PNUE [critique] certaines caractéristiques des perturbateurs endocriniens, notre rapport, au contraire, les minimise ou évite de les mentionner. […] Quand le rapport de l’OMS / PNUE parvient à la conclusion que la méthode traditionnelle d’évaluation des risques [des PE] n’est pas pertinente, nous arrivons à la conclusion diamétralement opposée.
Il ajoute avec un manque de courage et une certaine lucidité :
Je suis heureux de ne pas devoir être présent à la conférence de presse [pour défendre notre rapport], sachant que l’auditoire aura lu le rapport de l’OMS. Une situation mortelle !
La solution qu’il propose :
Refaire notre rapport, ou, au moins, le modifier de manière significative.
L’EFSA isolée du reste du monde
Où est donc l’éthique scientifique de L’EFSA ? En réponse, l’extrait d’un courriel d’un autre de ses cadres qui se lamente :
Nous devons réécrire nos conclusions, [notamment celles] où nous expliquons que les PE doivent être considérés comme tout autre produit chimique, [sinon], nous allons nous retrouver isolés du reste du monde, et il serait difficile de nous défendre, en sachant toutes les incertitudes [et] le manque de données que nous avons identifiés.
Traduction : on a écrit n’importe quoi, mais c’est pas grave, on n’a qu’à essayer de faire un peu moins voyant. La santé de 508 millions d’Européens est suspendue aux élucubrations de quelques pseudo-scientifiques pour qui l’étique se résume à la reformulation d’un rapport fallacieux.
508 millions de victimes potentielles
Confortée par ce rapport tout en nuances, l’industrie chimique repart à l’abordage, en convainquant la Commission Européenne de réaliser une étude d’impact économique relative à d’éventuelles interdictions… et gagne ainsi plusieurs mois. Sans compter les menaces proférées par les lobbies agro-chimiques, pour qui le bannissement de certains pesticides ruinerait la production agricole européenne. La famine nous guette !
Et celles du lobby américain des pesticides, qui menace estime qu’une réglementation annulerait toutes les négociations en cours sur l’accord transatlantique de libre échange (TAFTA). Rien que ça…
Et les cancers dans tout ça ? Force est de constater que la préoccupation n’est pas à la santé publique. Pour preuve, une lettre ouverte à la conseillère scientifique de Barroso, signée par 56 experts affirmant que :
le projet actuel est fondé sur une ignorance complète des principes de pharmacologie et de toxicologie.
Le problème qui saute aux yeux de tous, mais qui ne semble déranger personne à l’autorité sanitaire européenne : la plupart de ces experts sont en contrats réguliers avec des entreprises du secteur !
La victoire des lobbies est totale ! La Commission a stoppé net le processus, préférant commander de nouveaux rapports, pour être sûr… Conséquence : aucune liste ne verra le jour avant 2017, au plus tôt ! A ce moment-là, le TAFTA aura pris le relais et l’interdiction des PE sera encore plus compliquée, voire impossible à mettre en place. Sur 508 millions de citoyens européens, combien de morts à venir, combien de nouveaux malades déclarés d’ici là ?
Sources :
- Perturbateurs endocriniens : A quoi tient la santé de 500 millions d’Européens … ? , paru sur lesmotsontunsens.com
- Les perturbateurs endocriniens coûtent entre 150 et 206 milliards d’euros par an , paru sur aboneobio.com
- Votre salle de bain, un nid à perturbateurs endocriniens , paru sur allodocteurs.fr
- Une mine d’informations sur les perturbateurs endocriniens, sur reseau-environnement-sante.fr
Contribuez a éveiller les consciences en partageant cet article :