Hier, je me suis lancé dans la rédaction d’un texte sans en écrire la fin. La suite c’est maintenant. Je vais aujourd’hui évoquer les raisons pour lesquelles j’ai commencé la fumette, les raisons pour lesquelles j’ai continué si longtemps et enfin ce qui m’a décidé d’arrêter. Dans un second temps je vais énumérer les conséquences directes de cette abstinence… elles sont nombreuses et appréciables !
Pourquoi j’ai arrêté la fumette et comment cela a impacté ma vie (suite)
Ce texte est la suite de celui-ci, qu’il est souhaitable de lire auparavant :
Comment ma vie s’est transformée depuis que j’ai arrêté la fumette
La déception du commencement
A 15 ans, j’ai eu l’occasion d’essayer la fumette. Une expérience de plus, l’envie de goûter, probablement aussi le besoin de faire comme les copains. À ce stade, rien de dramatique en soi. Cette nouvelle expérience, comme bien d’autres, devait m’apporter son lot de sensations nouvelles. Son côté subversif était excitant. Je me souviens très bien de l’endroit, des personnes et de l’effet ressenti. » Ça me fait rien du tout votre machin « ont été, en substance les paroles qui sont sorties de ma bouche, entre deux bouffées de fumée épaisse.
Je m’attendais probablement à un effet puissant, si bien que je n’ai pas eu le sentiment d’être sous l’effet de la fumette. Mais, j’y étais pourtant. Bref : un test décevant. C’est le souvenir que j’en garde.
L’alcool plus fort que la fumette
Depuis, j’ai eu le temps de comprendre le pourquoi du comment. En fait dans mon esprit, la fumette, pratique illicite et « dangereuse » devait être autrement plus forte et excitante que ne l’était l’alcool, qui lui n’est pas illégale. Et bien non, tout faux. L’alcool n’est certes pas prohibé, il fait partie intégrante de notre société. Chez moi, l’alcool était au menu de chaque réunion de famille, mais il n’en reste pas moins un produit fort. Et bien sûr, j’avais déjà eu l’occasion de boire un verre, et même de boire un verre de trop.
Dès lors on peut se poser la question du besoin de faire de la fumette une pratique illégale. Dans mon cas, et je ne pense pas être le seul, ce côté subversif de la chose a eu l’effet d’un aimant.
La consommation addictive
Les mois passant, les années se succédant… je n’ai jamais arrêté la fumette, j’en ai pris l’habitude, jusqu’à en ressentir le besoin, la nécessité. La situation se construit lentement mais surement. Je suis passé d’un usage récréatif le week-end à un usage quotidien. Puis les horaires se sont élargis, passant d’un usage en soirée à un usage en journée. Puis ce jour arrive ou la fumette s’invite au petit déjeuner, dès le premier café, pour finalement remplacer tartines et céréales. Dès lors mon palais ne verra pas l’ombre d’une tartine de confiture durant des années…
Je vous rassure tout de suite, on ne parvient pas à ce niveau de dépendance, par la seule capacité addictive de la fumette. J’avais, je pense, d’autres raisons de m’accrocher au produit, à moins que ce ne soit l’inverse.
Mais alors pourquoi continuer ?
Je savais être dépendant. Je connaissais, à minima, les dangers psychiques et physiques que représente l’addiction à la fumette, comme toute autre addiction d’ailleurs. Mais je n’ai pas eu envie d’arrêter pour autant.
Cet état second ressenti, cette apathie, ce côté zombie… m’on permis d’accepter de vivre dans ce monde que je jugeais -et que je juge toujours- profondément injuste.
Je ne supporte pas l’injustice
C’est un fait, une réalité pesante, aussi longtemps que je me souvienne, je n’ai jamais accepté, ni compris que l’on accepte les situations d’injustice. J’ai toujours « défendu la veuve et l’orphelin », je me suis même souvent fait « l’avocat du diable » persuadé, en mon fort intérieur, que personne n’est mauvais en soi.
J’ai vécu comme ça toute ma vie, très affecté par ce que je voyais et dégoûté par l’indifférence des gens. J’en ai poussé des coups de gueules pour dénoncer ceci ou cela. J’en ai balancé des coups de poings pour défendre celle-ci ou celui-là. J’ai l’impression de n’avoir jamais fait autre chose, petit et plus grand, que de me battre contre les injustices.
C’est lourd. C’est très lourd. D’autant que j’ai mis des années avant de comprendre pourquoi. En attendant, pour ne pas devenir fou, j’ai décidé vers 17 ans d’arrêter de raisonner. Tellement de questions restaient sans réponses, qu’il m’est apparu vital de stoppé net tout raisonnement. Après tout, ce monde autour de moi, si injuste soit-il est celui dans lequel chacun vit, et plutôt bien pour certain. Soit… faisons comme tout le monde.
Une réalité trop dure
Ce choix de vie, j’ai tôt fait de le regretter. Quelques ennuies avec la justice plus tard, je me suis remis à raisonner. Je devais avoir 18 ans, pas envie de finir en cellule, mais pas envie non plus de revivre ce mal-être lié aux injustices si nombreuses. C’est à cette période que la fumette a pris une place plus importante dans ma vie, au quotidien. C’est de cette façon, avec cet artifice qu’il m’a été possible de continuer mon chemin.
La fumette m’a permis de prendre sur moi, d’arrêter d’aboyer sans cesse, de parvenir à regarder quelqu’un qui pleure sans me précipiter pour lui demander pourquoi. J’ai envie de dire en exagérant un peu que j’ai choisis un enfer pour me soustraire d’un autre.
La fumette au quotidien
Je suis désolé par avance si j’en déçois plus d’un mais… la fumette au quotidien ne m’a pas empêchée de vivre. C’est même le contraire si l’on comprend bien le paragraphe précédent. Non la fumette ne m’a pas empêché de travailler. Elle ne m’a pas empêché de trouver l’amour, d’avoir envie puis de faire un enfant. Elle ne m’a pas empêchée d’acheter une maison pour y passer ma vie, et de m’y sentir bien.
Je suis bien obligé de constater cependant, que la fumette ne m’a pas permis d’être celui que j’aurais souhaité. Je n’ai pas été un bon père pour cet enfant qui a grandi, pour ma fillotte que j’aime tant. En abordant ce sujet, j’en arrive au but de cet article. Probablement aussi, est-ce la raison pour laquelle vous êtes parvenu à lire ce monologue jusqu’ici. Je vous en remercie.
L’envie d’arrêter qui devient un besoin
Envie d’arrêter ? Pas qu’un peu et depuis longtemps. Il a eu quelques tentatives, des demi-réussites même, ou des demi-échecs. Car même si je sentais que cette maudite fumette m’interdisait d’être vrai, d’être meilleurs, d’être moi ; il n’a pas été facile de parvenir à m’en séparer.
L’envie d’arrêter ne suffit pas. Je suis prêt à croire que certains y parviennent par la seule volonté. Ce ne fut pas mon cas. De tentatives en récidives, toujours ce même constat : je n’étais pas prêt. Quand bien même je parvenais à me persuader de l’impériale nécessité de stopper cette relation addictive à la fumette, cela ne suffisait pas à me permettre de me maintenir à l’écart. Pourtant, bien plus qu’une envie, c’était déjà un besoin.
Le jour ou tout a changé
Bon en fait ce « jour » en question a duré un certain temps. Plusieurs mois, voir des années, ont passé pour que les conditions propices se mettent en place. Tout d’abord, le burnout. Oui, lord d’une ultime tentative de sevrage, je suis parvenu à tenir plusieurs mois. Résultat, le chien de garde a refait surface, les aboiements se sont multipliés. Je ne laissais rien passer à mon travail, de ce qui me paraissait injuste et donc insupportable.
Un burnout, 3 ans d’arrêt et un licenciement plus tard…
Ce licenciement est une bénédiction. Il m’a permis de questionner celui que j’étais et celui que je voulais devenir. J’ai compris des choses existentielles. Depuis je me suis attaché de permettre à mes rêves d’exister. L’une des conséquences est que je suis aujourd’hui blogueur, et j’aime ça. Ce blog sur lequel vous vous trouvez, je l’ai commencé il y a deux ans.
Au départ du blog, j’y ai fait ce que je savais faire de mieux. Le couteau entre les dents, je crachais mon venin sur cette société malade, au fonctionnement contestable. J’ai contesté, dénoncé… bref rien de très passionnant.
Puis de fil en aiguille, ce blog que j’ai créé m’a changé. Environ 400 articles plus tard, je commençais enfin (!) à changer de stratégie, je veux dire changer de stratégie de vie ! En effet, plus le temps passe, plus je m’aperçois combien il est inutile passer son temps à dénoncer ceci ou cela, de vouloir déplacer des montagnes, de vouloir changer le monde en fait.
Non, en lieu et place de cette attitude stérile, j’ai compris la nécessité et accepté de faire « ma petite révolution personnelle ». Change-toi et le monde changera. Peut-être l’aurez-vous remarqué, les sujets que je traite sur mieux-vivre-autrement depuis quelques temps, sont davantage des « propositions » que des dénonciations.
C’est ainsi donc, que s’est gentiment installé ma nouvelle règle de vie. Tout a changé. Mon regard, mon affecte, mes envies… Tant et si bien que je n’ai plus grand-chose à voir aujourd’hui avec ce personnage que je vous ai décris.
Miracle je n’aboie plus ! Il m’aura quand même fallu pas loin d’un demi-siècle pour en arriver là. Est-ce que c’est dommage ? C’est ainsi. Les choses prennent le temps nécessaire. Je pense que je vis ce qu’il m’est donné de vivre au moment où je suis prêt à le vivre. Mon seul regret se situe au niveau de la relation avec ma fille. Enfin, je me console en me disant que de toute cette situation, elle en tirera surement un enseignement. Je te le souhaite mon enfant, je n’ai pas été un papa extraordinaire, loin de là. Je le sais, je m’en excuse et je passerais le reste de ma vie à tenter d’être ce père que tu mérites. Merde alors je pleure comme une madeleine en écrivant ça.
Un kleenex et une relecture plus tard…
Whaou le texte est déjà long. Tant pi je continue, je ne veux pas vous refaire le coup d’hier de vous laisser en plan. Je pourrais enlever deux trois trucs, notamment ce précédent paragraphe. Mais non je n’y tiens pas. L’écriture tient en elle une propension un peu « magique » de guérir les maux. Mais revenons-en à la fumette.
Les milles et unes bonnes raisons d’arrêter la fumette
Faisons court : ma principale raison, vous l’aurez comprise, tient dans la relation avec ma fillotte adorée, pour qui je n’ai certainement pas été un père fantastique (et je pèse mes mots). Pas uniquement, loin de là, mais essentiellement pour toi ma fille et indirectement, pour moi qui ai honte de cela.
Des raisons, de bonnes raisons, j’en avais pleins d’autres :
- Ma santé pas vraiment entamée, mais susceptible de l’être rapidement
- La sécurité car quoi qu’on en dise, la fumette ne vous rend pas davantage vigilant, bien au contraire
- L’argent, car le blog, aussi sympathique soit-il nourrit mal son homme… et la fumette c’est pas donné !
- L’illégalité, je n’ai jamais eu tendance à « psychoter » comme certains le font quand ils fument, ceci dit, j’apprécie de ne plus être « hors la loi », de ne plus risqué d’être contrôlé positif au volant
- Mon extraordinaire compagne, qui est un puits de bonté et de bienveillance, à qui je peux dorénavant consacrer l’attention et le respect qu’elle mérite largement
- Mes amis, j’en ai peu, même très peu. Ce n’est pas dû à la fumette, mais à l’impériale nécessité ressentis de faire le tri dans ma vie, à commencer par fuir les relations toxiques. Ne reste que la crème, puis d’autres belles rencontres qui se sont ajoutées.
- Ma famille, notamment ma maman qui ne m’a jamais rejetée et que je remercie chaque jour pour l’amour qu’elle me porte
Bon je risque encore d’en décevoir plus d’un, je vous assure que je ne voulais pas vous laisser en plan une fois de plus. Mais bon, c’est plus un article, c’est un roman que j’écris. D’une certaine façon, si ça traîne autant en longueur, cela prouve qu’arrêter la fumette n’est certainement pas une mince affaire. Pourtant j’ai pas chômé : debout depuis 4h du matin, au clavier avant 5 heure, et oui je déjeune pour de vrai maintenant 🙂 là il est pas loin de 10h30… et j’ai plein d’autres choses à faire aujourd’hui. Désolé de finir ce texte comme celui d’hier… la suite demain si vous le voulez bien.
La fumette n’est pas sans conséquence dans la vie d’une personne, partagez ce témoignage pour le faire savoir à ceux qui ont un doute :